Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication (Crem, Université de Lorraine).

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Cake day: June 14th, 2023

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  • En simple joueur (mais de très longue date), cela fait quelques temps maintenant que je me désole de cette fuite en avant dans la surproduction. Un peu comme partout ailleurs, le niveau d’ensemble atteint un palier en termes de qualité d’édition mais au détriment de la personnalité des jeux, de leur “sincérité” pour exprimer quelque chose de leurs auteurs. Devant ce flot de productions léchées et bien marketées, on peine à faire l’effort de donner sa chance à des propositions un peu plus rugueuses, d’autant qu’elles sont de plus en plus difficiles à dénicher.

    Avec l’avancée en âge et le temps disponible qui devient une denrée rare, j’ai autre chose à faire qu’écumer les forums pour faire le tri. Or, les outils plus immédiats sont insuffisants : une note moyenne sur boardgamegeek ne me dit rien des jeux qui pourraient sortir à mes yeux de l’ordinaire. On peut avoir une moyenne élevée sur un jeu qui n’aura su convaincre durablement (10/10) personne, et à l’inverse avoir un jeu très clivant qui tombera dans les limbes de l’oubli alors que pour certaines personnes il fait figure de must.



  • Oui, comme beaucoup je connais les CHATONS et Framasoft de l’extérieur, mais je n’ai pas de contact à ce stade et je sais qu’ils ont déjà fort à faire avec leurs propres projets.

    De notre côté, nous sommes face à un défi de restructuration et de remise à plat du “modèle économique” (pour employer des gros mots) : avoir une âme libriste est nécessaire, mais pas suffisant. Ce qu’il nous manque, c’est un.e libriste avec de solides compétences en entrepreneuriat social et solidaire / coopératif.


  • Maria Luisa Stasi observe à la fin :

    Il est également possible que les nouveaux fournisseurs de services de recommandation de contenus se contentent de reproduire le même modèle économique des grandes plateformes de réseaux sociaux, au lieu de promouvoir des modèles diversifiés, innovants et plus respectueux des droits humains. Trois facteurs pourraient fortement minimiser ce risque. Premièrement, les régulateurs pourraient fixer des règles du jeu claires pour tous les acteurs, ce qui découragerait les modèles extractifs et encouragerait la diversité. Deuxièmement, les gouvernements pourraient faciliter et soutenir les initiatives émanant de la société civile, du monde universitaire ou d’autres acteurs à but non lucratif, ce qui pourrait aboutir à la création de systèmes davantage axés sur l’intérêt public. Troisièmement, les gouvernements et les régulateurs pourraient adopter des politiques qui soutiennent l’adoption de systèmes de recommandation de contenus alternatifs et orientés vers l’intérêt public.

    Ne faudrait-il pas commencer par là ? Sans attendre une hypothétique obligation d’ouverture à l’interopérabilité qui mettra des années à se concrétiser…

    En l’état actuel des choses :

    • Les règles du jeu permettent à des services délétères de prospérer sur la captation d’attention et de données : pas besoin de dégrouper pour durcir les règles.
    • Le soutien aux initiatives de la société civile ou du monde universitaire est quasi-nul. J’en sais quelque-chose pour m’échiner depuis fin 2015 à concrétiser un projet d’alternative depuis un laboratoire universitaire. L’accompagnement est concentré sur la valorisation économique en mode “startup”, avec en priorité des objectifs de rentabilité et de croissance rapide. D’ailleurs, si vous connaissez des gens compétents dans le montage de projets coopératifs et motivés par l’idée qu’un autre numérique est possible, je suis preneur.
    • Enfin, on ne peut pas parler de soutien à l’adoption d’alternatives alors que nos politiques et nos institutions s’ingénient à communiquer en priorité via les grandes plateformes incriminées, légitimant ainsi leur position dominante.


  • La version Blood Bowl Seven (avec 7 joueurs) se rapproche davantage des standards de durée d’une partie de jeu de société contemporain, tout en conservant l’essentiel de ce qui fait le sel de Blood Bowl.

    Plus épuré encore, Blitz Bowl vaut vraiment le détour. Les règles sont différentes, plus synthétiques et nerveuses. Les parties tiennent dans une demi-heure intense. Dommage qu’il soit si difficile à dégotter en France (vendu exclusivement par certaines grandes surfaces aux USA et en Allemagne). C’est aussi un jeu plus économique, puisque les équipes comptent moitié moins de joueurs.

    Enfin, j’ai découvert plus récemment Dungeon Bowl. On retrouve le poids d’un gros jeu qui va occuper quelques heures de temps, mais avec plus de fun encore que Blood Bowl je trouve.

    Le côté sympa, c’est que tous ces jeux sont jouables avec les mêmes figurines.









  • Pascal Robert et moi étions revenus sur la fameuse “lettre pour une pause” signée par des milliers d’experts autoproclamés de l’IA :

    https://theconversation.com/presenter-lia-comme-une-evidence-cest-empecher-de-reflechir-le-numerique-211766

    Le fait de jouer à se faire peur est un marqueur ancien des discours autour de l’informatique (l’article en présente 6 autres). Consciemment ou non, ceux qui agitent ces peurs fantasmées cherchent à nous persuader de la puissance de la technique. Comme ils se présentent en experts, c’est une manière pour eux d’asseoir leur pouvoir. Derrière ce discours trompeur, le “progrès” peut se poursuivre sans s’embarrasser de débat public sur les choix techniques et sur leur mise en œuvre.

    Je parle sciemment de “technique” et pas de “technologie”. Car la technologie recouvre l’étude des outils et des techniques, et donc l’ensemble des connaissances à leur sujet. Or les chantres de “l’innovation technologique” se bornent à la connaissance technique pure (c’est ce qu’ils appellent “progrès”), en omettant les contextes sociaux, politiques, écologiques et économiques avec lesquels elle interagit.

    L’IA, ce ne sont pas que des machines et des logiciels. C’est aussi toute une infrastructure de datacenters, de câblages, de production d’énergie… Et derrière, ce sont des mâles blancs privilégiés qui développent les techniques, avec d’autres cols blancs qui les font tourner. Mais surtout une armada de travailleurs du clics qui annotent les données pour quelques $ la journée. Et bien sûr toutes celles et ceux qui produisent ces données et qui n’ont pas voix au chapitre quant à l’utilisation qui en est faite.

    Ce qui pourrait être un grand projet d’intelligence collective (mettre en commun l’intelligence de chacune et chacun pour réaliser des tâches impossibles à l’échelle individuelle) est une vulgaire entreprise d’enrichissement privé avec des conséquences bien réelles sur l’équilibre de nos sociétés.